mercredi 9 juin 2010

La barbote de la rivière Châteauguay (Montérégie)


Jamais il ne serait passé par la tête d’une fille de telles expériences. Faut dire qu’on a nos différences apparentes. Ce sont mes frères qui m’ont raconté que quand ils étaient petits et qu’ils allaient à la pêche, au printemps, ils recherchaient un poisson bien spécial. La barbote-qui-suce. C’est ainsi qu’ils l’ont nommée.

On habitait près de la rivière Châteauguay. Est-ce seulement là que barbote ce poisson ? Je n’en sais rien. En tout cas, près de la dam, le remous y brasse sa nourriture et au pied de la dam, la belle se trouve alors comme devant un buffet chinois sur le party.

Parait que pendant la récré, mes frères jasaient dans la cour d’école : « A la dam, on attrape des barbotes qui sucent ! ».

- Et qu’est-ce qu’elles font les barbotes qui sucent ? demandaient les plus ingénus ?
- Elles sucent toton de tata ! Clamaient les plus expérimentés du haut de leur savoir d’initiés.

Un jour, un meneur regroupe ses amis puis ils partent pour la grande expédition. Trois p’tits gars en rut ( mes 3 frères ).

Je vous parle de cet âge où les garçons ont les hormones dans le tapis sans trop réaliser ce qui leur arrive, la pilosité éparse, le timbre de voix fragile et, surtout, une audace complètement inconsciente qui pousse à trouver tout un tas d’endroits incongrus où mettre son pénis.

Assis sur les bords de la rivière, avec leur canne à pêche, le trio avec leurs appâts et leur lunch exerce sa patience. Il s’agit, en quelque sorte des préliminaires. Un ami un peu goujat à qui on a raconté ces souvenirs signalait que « c’est mieux que de saouler une truite pis d’attendre jusqu’à 3 heures du matin qu’elle accepte de te suivre à l’hôtel », ce que je trouve est d’un goût discutable mais bon. Les gars après tout, il faut les laisser vivre !

On trépigne. On fixe sa canne, on espionne celle du copain d’à côté. On espère. Oh, n’allez pas croire que les poissons meublent nos fantasmes : on jase de filles, mais à cet âge innocent elles n’accomplissent rien d’intéressant avec ce qui grouille entre nos jambes.

Parfois, on s’excite pour rien : de-ci un crapet-soleil remue au bout de la ligne, de-là, une perchaude a mordu à l’hameçon. On les remet à l’eau. Patiente….

Cette fois, c’est la bonne ! Une barbote d’agite au bout du fil ! Le pêcheur chanceux exulte car il aura droit bien sûr à la première pipe. Pendant ce temps, les deux gamins bredouilles tirent au sort l’ordre qui suivra. Parce qu’à sa troisième fellation, on comprendra que la barbote est épuisée. Parfois, le dernier du trio doit même se finir dans son sandwich au jambon.

Ah, la bouche d’une barbote ! Les branchies, en s’agitant, remuent des muscles dans le fond de la gorge qui produisent une espèce de mouvement de va et vient. Des lors, en suffoquant, la barbote provoque une succion inoubliable, rendant ses pêcheurs des idéalistes de la pipe. La barbote a la peau dépourvue d’écailles. Lisse et visqueuse, elle constitue une excellente école pour la suite de leur vie sexuelle.

Toutefois, il est difficile de la maintenir en place. De plus, quand on la sort de l’eau, la nageoire dorsale se raidit et constitue une menace puisqu’elle est surmontée d’une épine traîtresse. C’est pourquoi on doit tenir la coquine avec un gant (la suite un autre jour).

Histoire VRAIE FORTEMENT inspirée par François Avard

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